ORIGINE DU MOT FOLKLORE

 

 

Le folklore (de l'anglais folk, peuple et lore, savoir) est l'ensemble des productions collectives émanant du peuple et se transmettant d'une génération à l'autre par voie orale (contes, récits et croyances) ou par l'exemple (rites, savoir-faire).

L'intérêt pour le folklore se développe vers la fin du XVIIIe siècle, dans le contexte du nationalisme romantique et de l'émergence des nations européennes.

Pour Johann Gottfried von Herder, les classes paysannes sont tout à la fois les dépositaires, les véhicules et les gardiennes d'un « génie du peuple », qui s'est modelé par le contact des hommes avec la terre et le climat et qui s'est transmis d'une génération à l'autre, depuis l'Antiquité, dans la langue, notamment dans les productions langagières populaires de tradition orale, telles les épopées, les contes et les légendes. Dans une vision universaliste, Herder soutient que chaque peuple possède son « génie » unique et singulier, lequel apparaît comme le fondement par excellence du renouveau culturel qui doit permettre de réunifier les peuples germaniques. C'est sur les incitations de Herder que les frère Jacob et Wilhelm Grimm s'engagent, en pionniers, dans de vastes entreprises de collecte de traditions orales, devant mener à la découverte de l'essence de ce « génie du peuple », qu'on conçoit alors comme devant permettre de renouer avec le caractère authentique d'une culture nationale perdue par les élites.

Rapidement, l'entreprise des frères Grimm sera imitée dans toute l'Europe (de l'Est et de l'Ouest) et dans les pays Scandinaves. Dès le XIXe siècle, on entreprend de faire l'éducation du peuple à son propre folklore, lequel apparaît comme menacé de disparition sous les effets de la modernité et de l'urbanisation. Les entreprises de diffusion du folklore prennent la forme de véritables propagandes nationalistes, s'attachant essentiellement à faire ressortir l'originalité et les spécificités du folklore propres à chaque peuple, permettant de le distinguer des peuples voisins et de le rattacher à ceux que, dans le contexte de mise en place des identités nationales, on désigne comme ses lointains ancêtres.

Le génie du peuple devant se transmettre dans la langue, on comprend que la quête de celui-ci se restreindra d'abord uniquement aux faits de tradition orale. C'est vers le milieu du XIXe siècle que le domaine du folklore s'élargit et que les collecteurs commencent à s'intéresser également à différentes productions émanant des cultures populaires (croyances, médecine traditionnelle, costumes, arts, techniques) et dorénavant considérées comme relevant elles aussi du folklore.

Le terme folklore a été introduit en 1846 par l'anglais William Thoms, en remplacement de l'ancienne formule « popular antiquities ». Le terme fut rapidement traduit de façon littérale dans les langues scandinaves, ainsi qu'en allemand, par l'expression volkskunde. Le terme fut repris tel quel en français, l'usage de l'expression « traditionalisme » proposée à la place du terme anglais ayant rapidement été abandonné. L'acception du terme dans les différentes langues a varié suivant les auteurs, les régions et les époques. Pour certains, le folklore est le savoir que détient le peuple, alors que pour d'autres, c'est le savoir qu'on (les élites) possède sur le peuple, pris comme objet de connaissance. Souhaitant réconcilier les deux perspectives, certains ont proposé que le terme devait recouvrir les deux acceptions.